• En ce qui concerne la situation libyenne et mon message à l'Afrique - 20/11/2017

    En ce qui concerne la situation libyenne, le pays est instable depuis la mort du chef militaire et politique, Mouammar Kadhafi. Et cette situation est très inquiétante, d'une part, parce que la France et le Royaume-Uni, en 2011, n'ont plus fait grand chose pour qu'il y ait une « transition démocratique » stable et à la hauteur de la déclaration universelle des droits de l'Homme et, d'autre part, parce que l'héritage de Mouammar Kadhafi est très difficile à déterminer ; il n'existe pas de leadership puissant pour rassembler les Libyens vers une perspective politique, sociale et économique.

    À cela s'ajoute un chaos migratoire sans précédent dont l'Europe a montré un visage pitoyable, par son impuissance et par ses doutes qui ont fait émerger le populisme intolérant à l'immigration, sans parler d'une vision libérale du continent qui ne laisse que peu de marges aux populations précaires dans un monde où la concurrence et l'injonction des marchés sont puissantes (si ce n'est qu'Angela Merkel qui a eu le courage d'accueillir plus de 100.000 réfugiés en 2015 mais dont les Allemands furent contre, elle a dû faire volte-face).

    L'accord avec la Turquie du 18 mars 2016 a été l'élément déclencheur de ce qu'il se passe actuellement : pour protéger les intérêts de l'Europe, il fallait une reconduction à la frontière de ceux qui ont fuit la misère, la guerre, la famine et autres désastres. Par cet accord, les « migrants » (pour ne pas dire "réfugiés" - qui est le vrai terme) ont dû emprunter d'autres routes davantage plus périlleuses et pour la plupart se retrouver... en Libye, pays le plus instable du Proche-Orient.

    C'est précisément dans ce pays que nous pouvons voir aujourd'hui, avec effroi, l'existence d'un marché obscur profitant de cette crise migratoire pour pratiquer l'esclavagisme moderne, le fait que des sujets africains de couleur noire se fassent vendre à des prix dérisoires tout en se faisant maltraiter. Qu'en serait-il si les vidéos n'avaient jamais été diffusées…!

    *

    Un devoir de vérité s'impose : si nous en sommes arrivés à cette présente situation, la responsabilité doit en incomber, en premier lieu, aux dirigeants africain, ensuite à l'Union européenne, et, enfin indirectement, aux Nations-Unies.

    D'abord, les dirigeants africains qui ne prennent pas suffisamment en compte les aspirations de leurs peuples à s'auto-gérer ce qui mène à des facteurs qui accélèrent la fuite des cerveaux vers d'autres pays, se traduisant ainsi par une vague d'immigration illégale vers l'Europe et l'Orient. Ces facteurs sont principalement liés à une réduction des libertés publiques nécessaires au développement de nations voulant émerger à l'ère de la globalisation (= presse,  opinion des opposants politiques, manifestations, etc.) ;  le règne à outrance en modifiant les constitutions, l'absence de perspective socio-économique pour la jeunesse, l'absence de renouvellement démocratique et l'enrichissement sans partage sont d'autres facteurs qui encouragent des populations à fuir leur pays.

    Ensuite, l’Union européenne, comme dit plus haut, à cause de ses mauvaises décisions en n'ayant su gérer efficacement la situation migratoire que l'on connaîtra, pourtant, encore demain, avec le réchauffement climatique et de probables conflits liés aux ressources naturelles (eau, pain, pétrole…) En 2016, il y a eu plus de 5000 décès en Méditerranée, plus de 200.000 arrivées en territoire européenmais, en parallèle, le droit d'asile a été très mal repensé et les accueils, à en croire certains témoignages de migrants et d'associations, ont été très mal gérés par les autorités publiques. La politique migratoire doit être repensée en faisant pression aux organisations politiques panafricaines pour lutter contre les trafiquants mais aussi pour accélérer la régularisation de ceux qui veulent s'installer en Europe.

    Enfin, les Nations Unies sont responsables à cause de leur impuissance à concilier les positions africaines et européennes sur les questions migratoires. Alors que ces phénomènes étaient connues depuis des années, aucune solution forte n'a aboutie de part et d'autres. Par exemple, peut-on encore laisser perdurer le problème des « passeurs » qui se font des rentabilités au détriment des migrants qui ne trouvent plus aucune perspective dans leur pays d'origine ? Nous devions depuis bien longtemps répondre à cette question.

    *

    Pour revenir aux images effarantes de la vente négrière qui existe (en 2017 !!), on se demande qu'est-ce qui pousse cette minorité de Libyens à commettre de telles pratiques... Les autorités libyennes, même faibles, se doivent d'enquêter contre ces agissements qui dégradent la dignité de la personne humaine ainsi que de les condamner fermement.

    Et l'accord entre la Turquie et l'Europe se doit d'être immédiatement rediscuté en répondant à ces problématiques :

    - qu'est-ce qui empêcherait les étrangers de vivre dans un climat qui leur est prospère comme en Europe ?

    - pourquoi l'Europe, premier continent économique, se refuse autant d'ouvrir les frontières à ceux qui ne cherchent qu'à vivre dignement ?

    - pourquoi ne se penche-t-elle pas dans une étroite coordination avec l'Afrique contre le problème des « passeurs » afin d'endiguer le nombre effarant des immigrés morts dans la Méditerranée ?

    Au-delà de rediscuter cet accord, il serait bon que le quota d'immigration soit complètement abandonné au profit d'un droit asile ouvert à ceux qui en ont réellement besoin et, ainsi,  qu'on réussisse à endiguer la situation catastrophique de la Grèce et de l'Italie, pays livrés à eux-mêmes mais qui n'hésitent plus à choisir le populisme comme horizon politique.

    Mais en tant que citoyen du monde, j'exprime mon indignation. Je salue les manifestions qui ont eu lieu à Paris, mais pour un fait d'une exceptionnelle gravité, en Europe et dans le monde, j'y ai vu peu de mobilisations…

    *

    Si l'Afrique veut fondamentalement changer de visage, il faut tout simplement que le continent se lève contre ses dirigeants qui ne sont plus dignes de représenter la jeunesse et les forces vives qui composent leur Nations. On dit que les manifestations ne sont pas un facteur de développement au progrès. Or, dans ce cas précis, les Africains doivent se lever en masse contre ce qui les condamne au-delà des traditions, des religions, des castes et des opinions politiques.

    Peut-on espérer voir l'Afrique se développer si elle continue à être aveuglé par des décisions politiques qui les condamnent à la famine, aux guerres civiles, au pouvoir sans partage, au terrorisme perpétuel et aux instabilités économiques et donc aux potentiels de carrières ?

    Ce sont les jeunes Africains qui doivent commencer à se révolter, comme cela a été le cas avec les printemps arabes en Égypte et en Tunisie par le biais des réseaux sociaux. L'idée d'un printemps africain - dans lequel tous les pays doivent s'unir pour sanctionner leurs dirigeants de leur inaction politique se traduisant par cette calamité migratoire - tout en dégageant des solutions politiques à long terme serait extrêmement pertinent. L'Afrique mérite des démocraties renouvelées et loin de la corruption politique qui mine le tissu social et économique de tant de compatriotes qui veulent changer de vie. Ne pas vouloir cela c'est continuer à développer une immigration illégale qui se terminera par des conséquences catastrophiques (décès en Méditerranée et esclavagisme moderne dans des pays arabes)

    Enfin, si l'Afrique réussit cette étape courageuse de développement par la puissante révolution citoyenne renversant ses dirigeants, le problème du chaos migratoire est en partie réglé, et le continent pourra refaire venir ses compatriotes en leur offrant des solutions telles que d'assurer un emploi pour tous, de distribuer des ressources matérielles à chaque personne se retrouvant dans des difficultés financières importantes, de développer des entreprises, de se constituer une nouvelle monnaie commune capable de concurrencer le dollar et l'euro et sociales ;mais aussi d'assurer une juste répartition des richesses, de mettre en place des aides sociaux, etc.

    Il ne s'agit pas de recopier bêtement l'idéal européen et américain en faisant disparaitre les traditions et les coutumes qui font la richesse de l'Afrique, mais de construire une Afrique débarrassée des contraintes autocratiques.

     

    Source :

    "Plus de 5.000 migrants morts en Méditerranée en 2016, selon l'ONU" ,Europe 1, 23 décembre 2016


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