• Réflexion sur la notation scolaire dans un système éducatif défaillant 31/03

    On dit beaucoup que les bonnes notes déterminent le niveau d'un élève quant à la capacité de comprendre le cours qui lui a été enseigné. Avoir un bon résultat à un examen est souvent synonyme d'avoir beaucoup travaillé et donc d'avoir mérité le diplôme tant convoité, cela va de soi. L'élève ou l'étudiant n'ayant pas obtenu une note convenable pourra toujours apprendre de ses erreurs et s'améliorer pour rattraper son retard afin de viser la réussite. La notation scolaire n'est donc pas une tare dans une société de plus en plus cultivée et qui veut avancer vers le progrès; cela nous donne la chance de s'émerveiller, de prendre sur soi, de repousser ses limites, être ambitieux.

    Je suis catégoriquement contre la suppression des notes, particulièrement dans le second degré et l'enseignement supérieur car j'estime qu'il faut une certaine rigueur, autorité et discipline pour les élèves/étudiants qui ont besoin de grandir et de se responsabiliser très tôt. Ceci dit, plusieurs problématiques s'imposent :

    • Avons-nous conscience que la notation est un élément quantitatif qui a pour seul but d'effrayer les élèves en leur faisant perdre toute confiance en eux ?
    • Est-on véritablement conscient que certains sont doués pour certaines matières, d'autres plus forts dans d'autres matières ?
    • Est-on sûr que jouer sur les notes fait disparaître la finalité de l'institution scolaire qu'est de transmettre des savoirs et de faire apprendre aux élèves des principes de vie pour être formés - plutôt que d'accentuer le déterminisme social par la note ?
    • Est-on conscient que la note ne représente pas les ressources propres d'un élève mais peut plutôt être mentalement destructeur pour lui dans le choix de son parcours ?
    • Peut-on cesser de choisir et d'imposer un parcours établi à travers une moyenne générale ?

     

    Toutes ces problématiques sont légitimes pour trouver des alternatives à la notation qui peut être discriminante, brutale et contre-productive à l'égalité des chances.

    Le système éducatif devient de plus en plus obsolète et ridiculisé par des autorités centrales qui imposent aux établissements scolaires des dérives à caractères libérales: il s'agit ici de classer les établissements selon leur taux de réussite (si ce n'est décrédibiliser davantage un établissement qui ne demande qu'à transmettre son savoir), instaurer des partenariats entreprises/écoles ou encore mettre en œuvre l'instauration d'une lettre de motivation ou CV pour accéder à une formation alors que l'élève ne demande qu'à étudier, étendre sa culture générale.

    Dans ce système éducatif qui privilégie l'aspect traditionnel de la quantification sociale au détriment de la valeur apporté par un individu, de ses principes propres et de ses atouts, nous voyons les dérives que peuvent amener le système de notation scolaire.

    Si la France est "mal classée" dans le classement PISA (= Programme international du suivi des acquis) c'est parce que nous privilégions le perfectionnisme des programmes scolaires au détriment du bien-être des élèves et de leurs professeurs. Nous avons plus attaché notre modèle jacobin à celui d'un modèle libéral qui ne fait qu'accroitre les inégalités entre les riches et les pauvres, ces derniers condamnés à rester dans un milieu qui ne leur correspond pas à cause justement de leurs notes scolaires…

    Le Japon et la Finlande ont adopté, pour les enfants issus de la maternelle et de l'enseignement primaire, une méthode qui consiste à faire passer leurs besoins primaires (communiquer, jouer, lire des livres, être soutenu de manière permanente par les professeurs...) aux besoins d'efficacité recherchée par les autorités compétentes. Le résultat est sans appel : le taux de réussite dans ces pays est très élevé par la préservation des valeurs de respect et de bienveillance.

    Nous sommes défaillants car nous ne savons pas exploiter nos capacités, ici en France. L'administration est défaillante, l'État est défaillant, les élèves sont de plus en plus découragés, les professeurs veulent également finir un programme au lieu de transmettre les notions fondamentales des cours tout en faisant baisser les vocations, etc. Ne nous étonnons pas du taux d'échec très élevé à l'université par exemple où les étudiants sont jugés et refoulés pour leur simple note car eux-mêmes, devenus adultes, sont peu enclins à voir plus loin que la note pour valider un diplôme, et cela est bien dommage vu les capacités que chacun possède. 

    À nous de choisir entre amplifier les inégalités sociales qui ne devraient pas subsister au sein de l'École républicaine, ou revenir aux fondamentaux de la transmission qui privilégie l'ouverture d'esprit, l'esprit critique et un nouveau regard sur le monde. À nous de choisir entre l'école qui transmet que l'école qui fait augmenter l'efficacité qui mène au néant de la société.

    Dans une société fragmentée, ne faisons pas du système de notation une base de l'école, mais un simple outil d'amélioration scolaire et personnelle.


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